Le bréviaire des robots, Stanislas Lem
Le bréviaire des
robots, de Stanislas Lem.
La science-fiction gagnerait à miser davantage sur
le rire. Après la lecture de l’excellent « Service
après-vente » de Victor Fleury dans le Galaxies no65,
nouvelle qui se défoule, non sans grincements robotiques, sur un comptoir des
réclamations, vrai cul de sac intégral, mon humeur trempée dans l’humour m’a
amené à relire un petit livre qu’à l’époque j’avais parcouru un peu trop vite.
Stanislas
Lem, auteur du très sérieux « Solaris »,
révèle sa facette comique dans ce recueil de courts récits, cinq voyages interplanétaires.
Son titre, mal traduit, « Le bréviaire
des robots », en mériterait un autre, plus fidèle, comme « Journal intime interstellaire ».
Paru en 1983, ce livre de 150 pages, illustré par Druillet (pas au meilleur de
sa forme, en l’occurrence), recèle une mine de trouvailles, de créatures, de
gadgets farfelus. Bref, dans le genre SF cocasse, difficile de faire mieux.
Quel
en est le fil conducteur ? Le héros, rédacteur du journal, est un voyageur
du cosmos qui quitte sa pagaille quotidienne pour affronter des planètes et
leurs hurluberlus dont l’étrangeté et les entourloupes entraînent des
mésaventures rocambolesques. De péril en péril, par chance ou par flair, cet explorateur
un peu redresseur de torts sur les bords échappe au pire pour poursuivre de
nouvelles tribulations.
Afin
de ne pas déflorer les intrigues frappadingues, je me contenterai ici d’un
petit inventaire en vrac des curiosités abracadabrantesques qui émaillent les
récits.
Un
peu trop porté sur l’huile, un robot qui range les chaussettes dans le frigo et
qui se bouche les écouteurs à la cire. Des automates qui ne parlent plus qu’en
vieux français médiéval et qui sont influencés par de mauvaises lectures (ouvrages
de Sacher-Masoch, Jack l’éventreur et autres histoires morbido-diaboliques).
Des animaux gigantesques que l’on chasse à la ciboulette, pour, une fois gobé
par la bête, lui faire exploser les entrailles. Des pommes de terre de l’espace
(je vous laisse imaginer…).
La
copie de soi livrée dès qu’un météorite vous anéantit dans la chute. La
reproduction multi-sexuée qui exige cinq sexes (pas un de moins) pour assurer
une belle progéniture.
Enfin,
côté babioles, Lem bat tous les records. La lotion qui efface les mauvais
souvenirs. L’appareil qui exploite l’énergie des enfants (trop souvent
gaspillée). Le poêle qui ralentit ou accélère le temps (pas facile de se loger
à l’intérieur). Le cerveau électrique (un peu notre IA) équipé d’une batterie
de bons mots et qui fait rire à tort et à travers son propriétaire. Le pulvérisateur
qui vous désintègre pour mieux vous ressusciter. Mon préféré pour la fin :
la cabine « décolérator » qui calme son usager hors de lui à cause d’une
controverse publique.
Dernier
conseil : de nos jours, on a tendance à lire vite. Il faudrait plutôt le
déguster ce « bréviaire » avec lenteur.
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