Neo Hominum, Tristan Valure, 2020
Neo
Hominum, Tristan Valure, 2020
« Sinon
on est morts » ou l’enfer du risque.
Le roman commence et
s’achève par une prise de parole qui allume la tourmente. Il est vrai que le
dialogue inquiet y occupe une place privilégiée. Fluide, simple et direct, le
style enlève le lecteur qui ricoche de sensation en suspens au rythme d’un jeu
vidéo. À travers les voyages successifs, les innombrables scènes d’action sont
prenantes.
On s’accroche à la
survie des quatre personnages : la fraîche Salila, Max, le vétéran, Mana
et son compagnon Ando. Dès le premier départ, Salila, jeune et charmante mutante,
est embarquée dans une mission dont le sens lui échappe, d’autant que toute
question lui est interdite. Pourtant, elle détourne d’un sort peu enviable Max,
le passager secret décryogénisé d’une fusée en perdition, dont les autres
occupants deviennent les captifs de malfrats sans scrupules. Confinés elle et
lui dans un vaisseau à la dérive fatale, ils seront sauvés par le couple Mana
et Ando aux intentions peu bienveillantes, motivés tous deux par l’appât du
gain. Initialement peu coopératifs, ils vont évoluer pour devenir de précieux
alliés. Les quatre personnages formeront une équipe mue par la même quête.
Fusée ou escale, pas
d’unité de lieu : ça bouge ! On voyage. Le décor ne cesse de
varier : épave spatiale, vaisseau cosmique proche de la dislocation dans
un vortex, nef sportive, hyper-performante, navire luxueux de croisière (on
pense au 5ème élément), avec une zone
fermée, réservée à l’élite ; hangar avec bric-à-brac, labo louche, zone de
non-droit, base secrète au centre d’une forêt insulaire.
D’un imprévu à l’autre,
les plans conçus par les protagonistes ne sont pas fiables (« trop de
zones d’ombre »). Chaque première action ou réaction rate. Caduc, l’effet
escompté, même si l’opération obéit au protocole préconçu. Rien ne marche
vraiment, sauf le dernier recours désespéré. De toute manière, face à
l’adversité, le destin des héros ne peut qu’être hors de contrôle. Le vrai
ennemi s’avère systématiquement insaisissable. Le mal est indéfectible.
On comprend, dès lors,
que la quête qui anime les personnages principaux se modifie sans cesse :
sauver des naufragés, se débarrasser de pirates, récupérer des biens oubliés,
faire fortune, libérer des otages, confronter le chef d’une organisation
top-secrète, détruire une fabrique de surhommes, s’attaquer à l’empire ( !?).
D’une désillusion à
l’autre, c’est la crainte de l’échec. Le lecteur est averti dès la première
ligne du roman : « J’espère (…) que ça va marcher, sinon on est
morts ». Oui, toutes ces quêtes aboutissent à un cul-de-sac. Tout échoue.
Ainsi, la fin, en mode catastrophe, révèle une rencontre inopinée, qui annonce
un nouveau chambardement. On imagine une suite à cette ultime phrase : « Salut,
Max, ça fait deux cents ans que je t’attends ». On imagine un
prolongement à ce récit qui s’interrompt sur un coup de théâtre, peut-être pour
suggérer que cette suite d’aventures est éternelle ?
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