Morten Tyldum: Passengers
Passengers, film de Morten Tyldum, 2016
Séduire, c’est conduire vers soi
une conscience éveillée. Lassé de la solitude et attiré par sa beauté, Jim
réveille donc Aurore (comme le prince ôte du sommeil la Belle au bois dormant).
La jolie jeune femme au passé prometteur devrait pourtant dormir encore 89 ans,
le temps que s’achève le voyage vers la planète promise. Mais Jim, lui, cela
fait déjà une année qu’il traîne dans ce vaisseau. Un bug l’a sorti de son
compartiment de dormeur. Tout est automatisé à bord, ce qui exclut la prise en
compte d’une situation exceptionnelle. Jim est prisonnier d’une machinerie qui
ne peut l’aider, pire, se dégrade lentement de bug en bug. Quand Aurore apprend
la vérité, elle repousse son éveilleur. Son reproche ? Lui avoir volé sa
vie. Séduire, serait-ce voler une vie ? A-t-on le droit, quand on est seul,
de s’attribuer de force une présence, une compagne ?
À supposer qu’ils se
réconcilient, une autre question se pose : vivre à deux une vie entière de
farniente à bord d’un vaisseau de croisière spatial, quel sens cela
a-t-il ? Être passager toute son existence en compagnie d’un autre, est-ce
enviable ? Si vous aviez le choix
de traîner 89 ans dans les coursives de la nef ou de retourner en hibernation,
en abandonnant votre compagnon d’infortune à son sort, quelle décision
prendriez-vous ?
(spoilers)
En fait, en réparant l’astronef
de ses dysfonctionnements fatals, le couple sauve les 5'000 passagers qui
poursuivent leur sommeil. Cet exploit, à lui seul, paraît justifier le réveil
de la jeune femme. Si elle était restée endormie, l’astronef aurait été
désintégré. Sans elle, Jim n’aurait pu sauver le navire spatial. C’est une
« purge » par une manœuvre manuelle nécessitant un risque sacrificiel
qui va restaurer le bon fonctionnement du vaisseau.
Passengers n’est pas un film d’action, encore moins un thriller.
Pas de boum-boum. Un film qui s’interroge sur la fiabilité des machines, sur le
droit amoureux, sur le sens de la vie sans travail. Enfin, pas tout à fait,
puisque le couple va créer un jardin labyrinthique à l’échelle de la nef. Notez
que la perspective de la progéniture semble occultée.
Commentaires
Enregistrer un commentaire