Helstrid, de Christian Léourier, 2019
Helstrid,
de Christian Léourier, Le Bélial’, prix Utopiales 2019.
Dans
« Helstrid », Hel fait songer à Hell, l’enfer. Averti par le titre,
le lecteur s’aventure dans un univers pessimiste, sans lumière. Pour rester
lucide ( ?) face à son environnement épouvantable, le héros s’interdit de
penser à ses moments heureux qui appartiennent au passé, à savoir une liaison
amoureuse rompue brusquement. C’est, je crois, ce qu’illustre la couverture du
livre.
Vic (victoire ?)
reçoit pour consigne de ravitailler un avant-poste lointain sur une planète
inhospitalière : Helstrid. Vraiment inhospitalière. Voyez plutôt : au
programme de cette mission solitaire, il s’agit de traverser une tempête aussi
toxique qu’orageuse, par moins 150 degrés environ, sous des bourrasques de
neige déferlant à près de 200 km/h.
On se demande donc si
le pire n’est pas à venir, même si « le pire n’est jamais sûr »,
selon le leit-motif du récit.
Vic occupe l’un des
trois camions IA, parés, révisés, retapés tip top pour la course périlleuse. Non
sans délicatesse, son véhicule prénommé Anne-Marie s’efforce pendant ses
conversations avec son unique passager de rendre la route la moins désagréable
possible. Vic consent plus ou moins de bonne grâce à dialoguer avec la machine
Anne-Marie tandis que, en dehors de leurs échanges, le narrateur restitue une
forme assez intéressante d’imprécision psychologique sur la nature exacte des
réactions émotives du personnage humain, aussi rustre que confus et embrouillé.
Au-delà des états d’âme composites du héros, la progression du sinistre voyage
frappe par ses tendances descriptives : on se sent mal embarqué, agressé
obsessionnellement par tant de rafales sombres et glaciales.
L’intérêt du récit,
c’est que l’être humain affronte l’adversité et non un adversaire. Aucun
méchant, aucun sadique nulle part dans ces pages. Le ravitailleur se bat contre
l’inflexible météo, contre l’implacable tectonique du sol, et, à cet effet, il
est aidé par Anne-Marie, qui affirme avec optimisme toujours trouver une
solution face aux obstacles et aux encombres. Ainsi, Vic dépend du génie
artificiel pour survivre. Dans le cocon de son camion hyper-futé, il subira les
assauts des séismes et de l’atmosphère létale.
Ce périple au ton
catastrophique tend, semble-t-il, à montrer que l’Homme n’est pas fait pour
l’univers et vice-versa. L’homo sapiens avait eu la chance de naître sur un
monde plutôt accueillant, mais il l’a rendu invivable. Chassé donc de sa
Terre-Mère, il sera rejeté vers des planètes toutes plus infernales les unes
que les autres.
Ses machines, si
pointues, si miraculeuses soient-elles, pourront-elles le sauver de ce chaos
monstrueux qu’est le réel ?
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