La vraie vie, d'adeline Dieudonné
La
vraie vie, d’Adeline Dieudonné, L’iconoclaste, 2018
Au commencement, il y a la candeur, la naïveté d’une
toute jeune fille. Curieusement, cette innocence virginale fréquente le
sinistre et l’horreur : le lotissement pavillonnaire aux maisons moches
qui puent, une mère évanescente avec l’âme d’une amibe, un père ravagé par le
whisky et par cette bête intérieure maléfique, laissant derrière elle des
trophées de chasse dans la chambre des cadavres…
Heureusement, dans la vraie vie coexistent deux
bêtes intimes, celle qui donne la furie et celle qui donne le plaisir,
notamment le plaisir de la transgression, quand on brave l’interdit. Par
exemple, jouer dans le cimetière des voitures ou manger de la chantilly. Or,
dans la vraie vie, des accidents peuvent vous pendre au nez. Ainsi, l’héroïne
et son petit frère sont traumatisés par un accident fatal dû justement à la
crème chantilly défendue.
Dès lors, le sens de la vie de l’aînée sera de
sauver son cadet gangréné depuis le drame par la bête en lui qui l’empêche
désormais de sourire. Dans cette obstination salvatrice, la pensée magique
devient la source vive de la curiosité scientifique. Il faut absolument
retourner dans le passé, pour effacer la tragédie fautive à l’origine du mal sournois
de son petit frère. À cette fin, la grande sœur veut réussir, comme Marie
Curie, en super physicienne, à vaincre carrément le temps.
Surdouée, elle saute des années à l’école, consulte
un fameux savant banni pour ses théories quantiques sur l’orgasme. Simultanément,
elle vit une aventure amoureuse transgressive, un adultère, tandis qu’elle est
réduite aux yeux de son père à une proie de chasse.
Toute l’intrigue est portée par une double question :
va-t-elle échapper à son père ? Sa quête, la libération de son petit frère
de l’emprise de la bête satanique aboutira-t-elle ?
Belle écriture, aux métaphores heureuses. Très
physique, plus physique que sensuelle. Beau livre, à la cuisson un peu crue.
Normal, elle rend compte de la vraie vie, celle enfouie juste sous l’autre…
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