La Reine du Diable rouge, JC Gapdy


La Reine du Diable rouge, JC Gapdy, Pulp Factory, 2019

Titre accrocheur, qui donne à rêver, offrant un vaste horizon d’attente. Couvre-t-il tous les étages du récit ? Le Diable rouge est le nom d’un vaisseau commandé par une femme (comme presque tous les astronefs de cet auteur). Sa Reine incarne l’une des protagonistes de l’histoire et elle apparaît épisodiquement.
Le personnage principal, sans conteste, c’est Gerulf, un superandroïde détective qui ne manque pas de ressources, avec ses bricoles quantiques. Il ne manque pas de soi-même non plus, du reste. Selon un thème désormais cher à Gapdy, au cours de l’une de ses enquêtes, l’automate du futur sera copié, donc dédoublé.
Ce héros synthétique est « incapable de lâcher prise », têtu, comme la plupart des personnages du romancier. Mais il s’agit ici d’un limier professionnel à la recherche de la vérité ; l’obstination, l’opiniâtreté sont des qualités inhérentes à une telle activité ; toute enquête ne requiert-elle pas de la patience ? Heureusement, pour parvenir à ses fins, Gerulf dispose de nano-mécaniques, des logiciels espions furtifs, les « loups » et les « cafards » très pratiques pour l’assister dans ses investigations.
La narration semble à l’image d’une fusée à plusieurs étages. Les enquêtes s’allument l’une après l’autre. D’abord, il s’agit de retrouver le fils de son patron qui aurait été kidnappé. Ce fils sera dédoublé, lui aussi. Sa réplique sera un androïde. Ensuite, Gerulf part à la recherche d’une jeune femme, de son père et d’une entité enquêtrice spécialisée dans la fraude financière. Enfin, il s’intéresse à un dispositif ultrasecret qui « avale » les IA ainsi que ses propres diverses répliques. L’une d’elle, Azur, une rescapée d’un navire détruit avec l’avaleur, mobilise une dernière fois le détective.
Autour de Gerulf, en plus des malfrats mafieux, trois forces redoutables sont en présence : les pirates, la spatiale (l’armée très peu fiable) et Le Diable rouge, un vaisseau « freelance ». Toutes cherchent le fameux « avaleur » (ou l’avaleuse). Les deux premières pour se l’approprier, la troisième pour le détruire. Visées pas faciles : cette puissance artificielle gloutonne si convoitée disparaît, puis ressurgit comme un malicieux démon.
On traverse dans ce roman un thriller magique où le merveilleux est largement dominé par le surartificiel (et non le surnaturel).
Surartificiel, Gerulf et ses aptitudes ; surartificiels, ses engins adjuvants, ses objets ultraperformants dont le détective est prodigue ; surartificiel, le dispositif qui reproduit une entité consciente ; surartificiel, l’IA qui avale les IA.
Tout comme le surnaturel donne à voir un monde qui transgresse les lois naturelles connues pour leur substituer des lois imaginaires, le surartificiel expose des artefacts dont les propriétés, les fonctions outrepassent celles des produits en circulation dans le monde actuel, pour leur ajouter des propriétés, des fonctions improbables même dans le futur le plus lointain. Improbables, pas impossibles.



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